Depuis plus d’un an, le Soudan connaît un conflit meurtrier entre deux généraux qui luttent pour obtenir le pouvoir. Certaines estimations évoquent 150 000 victimes. Un prêtre salésien a décidé de rester malgré tout auprès de la population.
Ils seront plus de 10 millions dans les prochains jours. 10 millions de déplacés dans un pays qui comptait 48 millions d’habitants en avril 2023, soit un habitant sur 5. Une crise pourtant oubliée : la crise de déplacement au Soudan fait partie des 10 crises les plus négligées selon le dernier rapport du Conseil norvégien pour les réfugiés.
Dans ce pays où l’insécurité et la faim tiraillent les habitants, le père Jacob Thelekkadan a voulu rester aux côtés de la population soudanaise. Il s’est installé avec un groupe de religieuses salésiennes au centre Dar Mariam, à Shajara, à sept kilomètres de la capitale Khartoum, rapporte l’Aide à l’Église en Détresse.
Des conditions difficiles
D’origine indienne, le père salésien vit avec les habitants dans des conditions très difficiles. Le carburant pour le générateur manque : l’électricité et l’eau courante ne parviennent dans la maison que quelques heures par jour. La nourriture se compose de bouillie à base de farine, de riz ou de lentilles, sans légumes ou protéine.
S’il souffre de ce manque d’alimentation, le prêtre explique que les plus touchés sont les enfants. En effet, selon les agences de l’ONU, quelque 18 millions de personnes souffrent de la faim au Soudan et 3,6 millions d'enfants de malnutrition aiguë.
Un conflit très proche
Le couvent dans lequel le père Jacob habite a déjà été touché à 3 reprises par des bombardements et les affrontements entre l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des FSR de son ex-adjoint devenu rival, le général Mohamed Hamdane Daglo.
Les snipers et les risques de bombardements obligent les 80 habitants de la maison à s’y confiner. En juin dernier, ils étaient plus de 150, mais plusieurs ont réussi à fuir vers des zones plus sûres, notamment vers le Soudan du Sud. Dans ce pays à majorité musulmane, le père Jacob se console en priant Dieu avec les fidèles à travers l’Eucharistie, la récitation du chapelet ou l’adoration du Saint-Sacrement.
"L’expérience de la proximité de Dieu à Dar Mariam nous a apporté la sérénité et la paix ! Surtout en ces mois de guerre, certaines personnes, y compris des enfants et des jeunes, se sont rapprochées de Dieu !", se réjouit-il, malgré le contexte apocalyptique et la crise humanitaire sans précédent qui touche le Soudan.
Jean-Benoît Harel